« Ça semblait être une bonne idée sur le moment. »
« Bon, ce n’est pas vraiment comme ça que ça devait se passer. »
« Ah. »
Si vous avez déjà tenté quelque chose de nouveau, que ce soit au donjon ou dans la chambre, ces phrases ne vous sont sûrement pas inconnues. En réalité, les nouvelles expériences ne se déroulent que rarement comme prévu. Voici quelques conseils pour gérer les imprévus dans le BDSM.
Assumez vos sentiments
Accordez-vous un moment après la scène pour vous reconnecter à vos sensations. Qu’avez-vous ressenti pendant la scène ? Plutôt que de qualifier l’expérience d’échec, essayez de la considérer comme un apprentissage. Nous apprenons toujours, et espérons-le, nous nous améliorons sans cesse. La réflexion constructive fait partie de ce processus.
Les phrases commençant par « je » sont essentielles pour reconnaître, assumer et communiquer vos émotions. Remplacez « C’était nul quand tu as fait ça » par « Quand tu m’as frappé avec cet objet, je me suis senti·e surpris·e. Même si on avait convenu d’essayer, j’ai été sorti·e de ma bulle et je ne savais pas comment gérer. »
Aucune honte
La honte n’a pas sa place dans le BDSM. (Sauf bien sûr lorsqu’elle est consentie dans le cadre d’une scène d’humiliation.) Mais hors jeu, ne vous culpabilisez pas, ni vous ni votre partenaire.
Soyons honnêtes : il s’agit d’adultes qui jouent ! Nos jeux peuvent être sulfureux ou diaboliques, mais ce sont tout de même des jeux.
Prenez régulièrement du recul pour adopter ce point de vue. Accueillez vos expériences et vos curiosités avec bienveillance ; riez-en si possible ! C’est normal d’avoir envie de faire des choses coquines qui feraient se retourner vos ancêtres dans leur tombe. En fait, c’est génial. Les ratés et les imprévus font partie du jeu. L’imperfection, c’est ce qui rend le tout parfait.
Bien souvent, nommer le ressenti suffit à le dissiper. Mesurez la force qu’il y a à dire : « Pour être honnête, j’ai été vraiment gêné·e quand notre jeu anal a été un peu salissant. Au fond, j’avais peur que tu ne me trouves plus sexy. »
Ou encore : « Quand mon dos a lâché, je me suis senti·e comme un·e dom complètement nul·le. Comment pourrais-je faire vibrer mon/ma sub si je ne tiens même pas une scène de fouet ? » Un·e partenaire aimant·e saura répondre à ces confidences avec compassion et compréhension.
Aucune culpabilité
La culpabilité est toxique. Point final. Se blâmer soi-même, c’est se faire du mal. Blâmer son ou sa partenaire, c’est lui faire du mal. Le blâme n’a pas sa place dans une discussion constructive.
Il y a une différence entre blâmer et demander des comptes pour un écart. Blâmer, c’est dire : « C’est de ta faute si cette scène était nulle » ou « Je n’arrive pas à croire que tu m’aies laissé(e) faire ça. » Demander des comptes, c’est : « Voici ce que nous avions convenu, mais voilà ce que tu as fait. J’aimerais qu’on se mette d’accord sur ce qui s’est passé. »
Demandez-vous : essayez-vous de faire ressentir quelque chose à votre partenaire, ou cherchez-vous à comprendre ce qui s’est passé ?
Veut-on réessayer ?
Accorde-toi, ainsi qu’à ton/ta partenaire, beaucoup de temps pour réfléchir à vos ressentis. Reviens sur ce qui t’a attiré·e vers l’idée de cette scène au départ. Était-ce une sensation précise ou une dynamique de pouvoir que tu voulais explorer ? Était-ce un kink que tu avais vu chez d’autres ? Ou espérais-tu surtout renforcer votre connexion de couple ?
Une fois les choses clarifiées entre vous, tu es prêt·e à aborder la question : Est-ce qu’on a envie de recommencer ?
C’est normal de dire oui, non, ou je ne sais pas. C’est normal aussi de mettre le sujet en pause et d’y revenir plus tard. La plupart du temps, la réponse est oui, si... Les « si » sont là où la conversation devient constructive, voire créative. Les « si » peuvent ressembler à : « J’aimerais réessayer, si tu me préviens avant de ________ », ou « J’aimerais réessayer une fois qu’on aura eu l’avis de ton mentor. »
Exploitez vos ressources
Les mentors et la communauté peuvent vraiment sauver la mise en cas de problème BDSM. Postez sur les forums (en respectant l’identité de votre partenaire) ou demandez à vos amis proches : « Tu as déjà vécu ça ? Tu aurais des conseils ? » Il peut être très rassurant d’entendre quelqu’un partager son expérience, surtout si tout cela lui semble tout à fait normal.