Pour la dernière partie de notre série NB 101, l’auteur invité Elliott Ennis va nous offrir une initiation express à l’intimité sexuelle. Cet article aborde les thèmes du soutien, de la communication, des émotions, des solutions en cas de problème et des conseils pour que tout se passe bien.
Peu importe avec qui vous partagez votre lit, le bon sexe peut être transcendant et renversant, mais le mauvais sexe peut être… eh bien, vraiment mauvais. Dans cette édition de « Non-binaire 101 », nous faisons un tour d’horizon du sexe non-binaire. Nous aborderons tous les essentiels de l’intimité quand on est non-binaire – ou partenaire d’une personne non-binaire – pour que vous soyez préparé·e, confiant·e et prêt·e à vivre des expériences sexuelles incroyables ! Si vous avez manqué nos articles d’introduction sur l’identité non-binaire, vous pouvez lire la première partie ici et la deuxième partie ici !
Lâchez prise sur vos attentes
La plupart d’entre nous ont une idée assez précise de ce à quoi ressemble le sexe hétéro, qui fait quoi et comment. Ce « scénario » existe même pour le sexe queer, mais que faire quand la question du genre ne se pose plus ? C’est à vous d’écrire votre propre histoire ! Se libérer de ces scénarios laisse la place à l’exploration du plaisir, dans l’instant, avec votre partenaire et vous-même.
En tant que personne non-binaire, il peut être difficile de déconstruire l’idée que certains actes, parties du corps ou sons sont genrés.
La réalité, c’est que les corps existent dans toutes sortes de configurations extraordinaires et que votre corps vous appartient, et non au genre qui vous a été assigné. Vous n’êtes pas obligé·e de jouer un rôle à cause de vos organes, et c’est à vous de définir ce que ces rôles signifient. Se libérer des attentes autour du sexe peut être un vrai parcours, mais ça en vaut la peine.
Si vous êtes le/la partenaire d’une personne non-binaire, sachez la confiance qu’elle vous accorde. Le sexe peut être source d’anxiété pour les personnes non-binaires. La première étape pour en faire une expérience positive est de ne pas compter sur elles pour vous éduquer – donc bravo d’être ici !
Écoutez comment votre partenaire souhaite que l’on interagisse avec son corps
Ne présumez pas des rôles selon l’apparence, le genre, l’anatomie ou les expériences passées (même avec vous). Chaque corps est différent et chacun·e a un rapport unique à son corps, qu’on soit cisgenre (c’est-à-dire non trans) ou non. S’habiller d’une certaine façon ne signifie pas vouloir certaines choses au lit. Par exemple, porter des robes ne veut pas dire qu’on souhaite être pénétré·e. Lâchez prise sur ce que vous pensez être la « norme ». Vous allez pouvoir explorer le plaisir avec cette personne sans être limité·e par des scénarios préétablis ! C’est plutôt cool.
Que ce soit un·e partenaire de longue date ou un coup d’un soir, n’attendez jamais d’une personne non-binaire qu’elle « joue » un genre au lit. Vous faites l’amour avec une personne, pas avec son genre. Une fois les préjugés mis de côté, il est temps de découvrir ce que votre partenaire veut – et ce qu’il ou elle ne veut pas.
Les mots comptent
Comme pour le dirty talk, les mots peuvent avoir un grand impact si vous êtes non-binaire. Ce n’est pas parce que quelqu’un a un pénis qu’il souhaite qu’on l’appelle « queue ». Discutez avec votre partenaire des mots que vous voulez qu’il/elle utilise pour désigner vos parties intimes, et de ceux qu’il/elle aime pour les siennes. Cela vaut aussi pour les mots que vous trouvez valorisants. Plutôt « jolie » ou « beau gosse » ? Ou pas de langage sexuel genré du tout ?
Au-delà du choix des mots, il faut aussi parler des rôles et des actes qui sont interdits. Aiment-ils être dominant·e ou soumis·e ? Que pensent-ils du sexe oral ? Une fois ces limites posées, ne les franchissez pas.
Rappelez-vous que ces conversations n’ont pas besoin d’être cliniques ni sérieuses ! Orientez la discussion vers ce qui leur fait plaisir, ce qui les excite, leurs kinks ou leurs fantasmes. Ce n’est pas un interrogatoire. Il s’agit de découvrir comment rendre le sexe aussi fun et agréable que possible pour vous deux.
Si vous êtes en couple avec une personne non binaire, sachez que le vocabulaire que vous utilisez pour parler de son corps devra peut-être évoluer, et les termes qu’elle préfère peuvent changer avec le temps. Pensez aussi aux petits noms que vous utilisez, ils devront peut-être être adaptés. Ne lui faites jamais sentir que son identité est un fardeau. Être un·e partenaire bienveillant·e, c’est offrir à l’autre amour, respect et espace pour s’épanouir.
Prenez l’habitude de vérifier auprès d’eux si quelque chose semble inhabituel
Il peut arriver que vous fassiez une erreur ou que vous disiez quelque chose dont vous ne réalisiez pas le caractère genré avant que ce ne soit déjà dit. Si cela arrive, assumez l’impact que cela peut avoir sur votre partenaire. Faites-lui savoir que vous ne le/la percevez pas de façon genrée. Cela va sans dire, mais utilisez toujours les pronoms que votre partenaire souhaite, sauf indication contraire de sa part.
Gérer la dysphorie
Beaucoup de personnes non-binaires et trans vivent de la dysphorie, c’est-à-dire une détresse liée au fait que leur corps ne correspond pas à leur genre. Ces déclencheurs émotionnels peuvent affecter l’intimité, donc soyez attentif·ve à ce que vous ressentez quand votre dysphorie est activée. Est-ce une sensation de flottement, de dissociation ? Un malaise plus aigu ? N’oubliez pas que votre partenaire ne lit pas dans vos pensées ; il faut lui communiquer ce que vous ressentez. Même lors d’un plan d’un soir, la communication reste importante. Vous n’avez pas à raconter tout votre parcours de genre, mais vous pouvez lui dire que vous n’aimez pas être soumis·e.
Élaborez à l’avance un plan pour savoir comment réagir si/jamais vous êtes déclenché(e)
Voulez-vous tout arrêter ? En parler ? Être laissé·e tranquille ? Vos envies peuvent changer sur le moment, mais avoir un plan d’action peut vous aider à vous sentir tous les deux plus en sécurité.
Si vous êtes en couple avec une personne non-binaire, connaissez ce plan mais demandez-lui aussi comment la soutenir au mieux. Essayez d’éviter le langage sexuel genré, à moins que les termes utilisés aient déjà été validés.
Soyez prêt à accepter que quelque chose change.
Souvent, les personnes non binaires ne réalisent pas qu’un élément est déclencheur avant que cela arrive. Comprenez que ce n’est pas une remise en question de vous ou de vos capacités de partenaire, et ne les forcez pas à vous prioriser au détriment de leurs propres ressentis. Écoutez-les et faites-leur savoir qu’il est normal de ressentir ce qu’ils ressentent. Lors de vos échanges, essayez de formuler les choses positivement en disant « est-ce que ça te fait du bien ? » plutôt que « est-ce que ça te donne de la dysphorie ? »
Rendez-le positif
C’est difficile de communiquer si on ne sait pas ce qu’on aime, non ? La masturbation aide à découvrir ce qui vous procure réellement du plaisir, alors ne vous limitez pas. Expérimentez des sensations dans des zones que vos partenaires ont négligées par le passé. Jouez avec la vitesse et la pression, avec ou sans pénétration. Laissez tomber les « il faut » et accueillez votre plaisir sans jugement. Essayez différents jouets et prothèses et apprenez à votre partenaire à les utiliser avec vous. Ils ne sont pas réservés au sexe en solo !
En tant que partenaire, votre rôle principal est d’écouter
Laissez cette expérience de plaisir partagé évoluer naturellement et soyez attentif à ce que votre partenaire apprécie. Encouragez-le·la à tester différents rôles et langages, et soutenez-le·la dans ses découvertes. Respectez ses limites, même si cela ne vous avait jamais posé question auparavant. Le consentement, ce n’est pas l’absence de non, mais la présence d’un oui enthousiaste.
En tant que personne non-binaire ou partenaire de personne non-binaire, vous méritez une sexualité épanouie. C’est possible et cela peut renforcer le lien avec votre partenaire et votre propre corps. Allez-y, et profitez d’un (et d’un sexe) génial et en toute sécurité !
