Lorsque Joan Price a demandé à ses abonnés à la newsletter comment ils vivaient leur sexualité pendant le confinement, beaucoup ont répondu que leur vie sexuelle était aussi bonne qu’avant, voire meilleure. Voici leurs témoignages de sexualité senior.
« Comment vivez-vous votre sexualité pendant le confinement ? » ai-je demandé à mes abonnés à la newsletter. Je voulais savoir comment les seniors, en particulier, géraient leurs envies, leurs sentiments et leurs activités sexuelles pendant la pandémie.
Je soupçonnais même que les personnes en couple avaient moins de rapports sexuels, soit parce qu’elles étaient séparées de leur partenaire, soit, en étant confinées ensemble, parce qu’il y avait trop de proximité (la chanson de Dan Hicks de 2011 « How Can I Miss You When You Won’t Go Away » prend soudain tout son sens !).
J’ai été surpris d’apprendre que la plupart de mes répondant·e·s vivant en couple déclaraient que leur vie sexuelle était aussi bonne, voire meilleure qu’avant. Les couples séparés s’en sortaient avec des appels vidéo et l’autoérotisme. Les célibataires étaient, comme on pouvait s’y attendre, les moins satisfaits, en manque d’intimité autant que de sexe.
Nous pouvons apprendre des seniors qui s’en sortent bien et faire preuve d’empathie envers ceux qui rencontrent plus de difficultés. Écoutons leurs histoires de sexualité après 60 ans :
Rituels d’intimité
« Prendre des moments privilégiés pour se concentrer l’un sur l’autre dans la sensualité est un vrai réconfort en cette période. Mon compagnon a 70 ans et il prend un médicament pour l’érection au début de nos rendez-vous. Nous créons une ambiance avec un panier de sextoys, un miroir et des bougies. Nous mettons de la musique et dansons ensemble quelques minutes avant de nous déshabiller. Nous nous échangeons de légers massages à l’huile, à la plume ou au pinceau. Quand je compare avec ma sexualité plus jeune, la spontanéité du désir, la lubrification facile, un corps plus ferme et les érections naturelles de mon partenaire me manquent. Pourtant, je ne suis pas prête à laisser ces pertes gâcher nos moments sensuels aujourd’hui. Nous savons que nous avons de la chance de nous être trouvés. » – Amber, 65 ans
Bien en Floride
« Mon partenaire et moi vivons en Floride, en confinement. La première semaine a été effrayante, mais après cela, nous avons découvert que nous avions beaucoup de temps libre. Plus de restaurants, piscines fermées, clubs à l’arrêt — alors nous avons intensifié notre vie sexuelle ! Pas d’enfants à la maison, pas de travail à gérer, et nous avons dépassé le stade où nos corps sont très différents. (Et alors ?) On s’amuse à essayer de nouvelles choses. J’ai eu un cancer de la prostate il y a 12 ans avec des séances de radiothérapie, donc notre vie amoureuse avait mal commencé. Mais après avoir lu les livres de Joan et travaillé sur la communication, nous avons compris ce qu’est vraiment le sexe. Le sexe chez les seniors, c’est génial ! » – Rich, 77 ans
Poly et solo
« Je suis polyamoureux, actuellement entre deux copines, et je me confine seul. Ma dernière relation s’est terminée il y a environ quatre mois, avant que le COVID-19 n’entre dans nos vies. Depuis, je ne me sens pas très sexy ni attirant. La plupart des groupes sociaux dans lesquels je rencontrais des gens, y compris des partenaires potentiels, ont fermé indéfiniment. J’explore donc ma sexualité en solo, je lis beaucoup de récits érotiques. L’érotisme est mon ‘sextoy’ le plus fiable. Mon rituel du soir inclut une masturbation jusqu’à l’orgasme. J’aime être nu chez moi. En ce moment même, je tape ce message en ne portant que mes lunettes et des sandales. » – Ed, 69 ans
En manque de contact physique
« Je fais des rêves érotiques, la plupart du temps avec mon défunt mari. Je ressens une solitude croissante. J’ai mes jouets sexuels et mes fantasmes, mais le lien avec une personne me manque, le fait de pouvoir la voir, la toucher, simplement être avec elle. Pour celles et ceux dont le toucher est le langage amoureux principal, c’est difficile. Je suis dans une relation à distance et je n’ai pas pu voir mon amoureux. C’est dur, mais je me dis que ce sera merveilleux quand on pourra enfin se retrouver ! Il faut laisser le courage, l’espoir et la positivité nous porter. C’est important d’avoir quelque chose à attendre avec impatience. » – Jeanne, 67 ans
En « crise de libido »
« Je n’ai pas de partenaire romantique ou sexuel en ce moment, même si je cherche activement via des applis de rencontre. Ma libido a augmenté ! Une blogueuse spécialisée en santé sexuelle que je suis appelle ça ‘la libido de crise’. En période d’anxiété et d’incertitude, beaucoup d’entre nous recherchent l’intimité. Je me laisse aller à plus de porno hard, plus de masturbation (parfois deux fois par jour), je cherche plus activement des partenaires en ligne pour discuter et avoir du sexe virtuel par téléphone ou vidéo. Je pense qu’une sexualité épanouie est importante pour une vie saine à tout âge adulte. Ça peut même s’améliorer en vieillissant. J’ai eu des ‘rendez-vous sexe’ dans la soixantaine qui étaient bien plus chauds que mes tâtonnements dans la quasi-obscurité de mes vingt ans. » – Casimer, 64 ans
Soirées libertines en pause
« Avant le confinement, mon partenaire à distance et moi étions des libertins actifs. Dès que la menace d’une pandémie s’est précisée, nous et tous nos amis du milieu avons décidé de suspendre les rendez-vous et soirées. Ce groupe d’amis n’est pas adepte du sexe virtuel, donc les sessions vidéo sont réservées à mon partenaire et moi. Nous passons du temps à avoir des conversations coquines chaque jour. Sinon, ces derniers mois, ce n’est que du sexe en solo. Mis à part l’impossibilité d’être ensemble physiquement, notre relation n’en a pas souffert. Le contact permanent maintient notre lien sexuel fort. Nous communiquons facilement sur le sexe, partageons souvenirs et fantasmes, et n’hésitons jamais à parler de nos envies. » – Linda, 60 ans
Libido accrue malgré le manque d’intimité
« Normalement, je vis seule avec mon mari. Nous avons une relation sans sexe depuis longtemps, mais nous nous entendons bien et je l’aime. J’ai l’habitude de nourrir ma sexualité en solo. Avant, j’avais tout le temps qu’il fallait pendant la journée, quand il partait travailler. Depuis la pandémie, la maison est pleine : ma fille adulte et un jeune homme de 20 ans vivent avec nous, et mon mari travaille à la maison. Depuis mars, nous sommes jusqu’à quatre à la maison, toute la journée, tous les jours, et je n’ai plus aucune intimité. J’ai commencé à prendre la voiture pour aller à la campagne, en emmenant mes jouets avec moi. Ironiquement, mon désir a augmenté pour ces raisons :
- Mon médecin a ajusté mes doses de traitement hormonal.
- Avoir un jeune homme de 20 ans au corps parfait à la maison, c’est comme avoir un magazine de charme sous les yeux 24h/24.
- La pandémie a augmenté ma libido, car je suis tellement consciente de la fragilité de la vie que j’ai envie de célébrer mon corps et la joie qu’il peut m’apporter. Je réalise que tout peut changer du jour au lendemain. » – Dianne, 62 ans
Votre histoire ?
Merci à toutes celles et ceux qui ont partagé leurs histoires. J’espère que cette diversité vous montre que l’âge n’est en rien un frein à l’expérience d’une large palette de sensations et de comportements sexuels.
